Critères d’emprunt drastiques, prix excessifs des logements et avenir économique incertain incitent aujourd’hui bon nombre de ménages à reporter leur projet immobilier. Si cet attentisme apparaît légitime (voire même forcé pour certains), il empêche toutefois les emprunteurs potentiels de profiter de taux de prêt au plus bas depuis le mois de décembre 2010.
Etre dans l’impossibilité de souscrire un prêt immobilier alors même que les taux d’intérêt affichent des niveaux exceptionnellement bas, voilà la pénible situation à laquelle sont confrontés une bonne partie des candidats à l’emprunt. Alimenté par la volonté des banques de réduire les risques encourus en ne prêtant qu’aux meilleurs dossiers (les crédits sur 25 et 30 ans étant abandonnés au profit de plus courtes durées) ainsi que par la crainte d’un avenir incertain, cet attentisme contraint a précipité la chute du crédit immobilier. Depuis le début de l’année, la distribution de prêts n’a eu de cesse de s’effondrer, enregistrant ainsi une décrue impressionnante de -45% entre les mois de mars et mai derniers.
Si les banques sont évidemment les premières à être montrées du doigt, elles continuent toutefois à lâcher du lest sur le front des taux d’emprunt. Selon le courtier en ligne Meilleurtaux, le taux moyen pour un prêt immobilier sur 20 ans aurait ainsi atteint « son plus bas niveau depuis décembre 2010 » et s’établirait actuellement à 3,92%. Cette baisse des taux est à mettre au crédit du recul enregistré depuis maintenant plusieurs mois par l’OAT (s’établissant le 4 juin dernier à 2,26%, son plus bas historique) mais également à la suppression de divers dispositifs d’aides à l’achat telle que celle du PTZ+ pour les logements anciens. Une disparition qui, de l’avis de meilleur taux, aurait en effet entrainé un net repli des demandes de financement et contraint les établissements à réviser leurs barèmes à la baisse.
Sans aller jusqu’à jouer un double jeu, les banques affichent donc actuellement un double visage, appliquant d’un côté une politique agressive de taux afin de s’attirer une nouvelle clientèle et durcissant de l’autre leurs conditions d’octroi afin de répondre aux exigences de Bâle III. Un tiraillement qui se retrouve également du côté des emprunteurs et que Sandrine Allonier, porte-parole du courtier, synthétise en soulignant que « l’immobilier est toujours une valeur refuge, mais il y a plus d’attentisme, les banques sont plus prudentes. Les gens, quant à eux, veulent acheter, mais ne savent pas quand ils doivent le faire ».
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