En cette période de fête nationale, un site de crowdfunding immobilier propose aux particuliers d’acheter…l’Elysée. Un coup de pub audacieux entaché de certaines irrégularités.
Crowdfunding immobilier : un site internet met l’Elysée en vente
A l’heure où les plateformes de crowdfunding immobilier (financement participatif) fleurissent sur la toile, certains n’hésitent pas à prendre quelques risques pour sortir du lot et se faire connaître. C’est le cas du site Crowdimo qui propose ni plus ni moins aux internautes de devenir les heureux propriétaires de l’Elysée. Une publicité qui s’étale depuis ce lundi 13 juillet en pleine page de certains quotidiens et sites d’informations nationaux et sur laquelle on y voit François Hollande, debout devant le palais de l’Elysée, tenant une pancarte portant l’inscription « A vendre, Palais de l’Elysée, Hôtel particulier au coeur de Paris, investissement libre à partir de 1 euro ». Un coup de pub qui a de quoi faire sourire puisque, comme le précise Yoni Botbol, l’un des co-fondateurs du site lancé en janvier dernier, « bien entendu, on ne pourra pas racheter l’Elysée ». « L’idée, c’est de faire du bruit », ajoute ce dernier. Mais au-delà d’une audace manifeste, cette campagne publicitaire pose quelques problèmes, tant d’un point de vue légal qu’éthique.
L’image du Président utilisée sans autorisation
Il est tout d’abord question ici de droit à l’image. En effet, une société peut-elle librement utiliser l’image d’une personne publique à ses propres fins ? Interrogée sur la question par le JDD, l’agence de communication Hémisphère Droit qui a réalisé la publicité a tout d’abord assuré avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires (tout au moins le pensait elle). Or, après vérification auprès de son mandataire (Crowdimo), l’agence est rapidement revenue sur sa déclaration, précisant n’avoir finalement obtenu aucun accord mais s’être simplement contenté de vérifier que la photo de l’Elysée était libre de droit. Face à l’illégalité de l’opération, le président de la plateforme de Crowdfunding, Maurice Brami, met en avant le caractère humoristique d’une publicité qui ne vise « en aucun cas à porter atteinte au président de la République ». Reste à savoir si celui-ci l’entendra de cette oreille.
Plus qu’un coup de pub, un coup marketing
Outre ce manquement au droit à l’image, on peut également s’interroger sur le caractère moral de cette campagne publicitaire. En effet, celle-ci est accompagnée d’une pétition financière en ligne destinée à recevoir les promesses de don des particuliers. Une pétition qui, le 14 juillet au matin, avait déjà récolté un investissement potentiel de pas moins de 4,132 millions d’euros. Or, pour pouvoir signer la pétition, l’internaute doit préalablement (et obligatoirement) renseigner bon nombre d’informations personnelles (adresse, numéro de téléphone, mail, etc.). Si l’on ne s’étendra pas sur la légitimité de proposer l’achat d’un bien immobilier qui n’est pas en vente, les particuliers qui ont signé cette pétition à la légère en pensant simplement participer à une initiative humoristique pourraient donc déchanter en étant démarché pour des opérations d’investissement qu’ils n’ont pourtant jamais sollicités. Plus qu’un coup de pub destiné à se faire connaître, l’opération aura donc aussi et surtout permis à Crowdimo à se constituer une base de données de clients potentiels non négligeable.
- Actualité sur le même sujet – L’immobilier de luxe aura aussi sa plateforme de crowdfunding
- Guide du crédit – comment investir dans l’immobilier ?
Laisser un commentaire