Depuis maintenant plus d’un mois, l’OAT 10 ans connaît une progression fulgurante. Reste désormais à savoir si cette envolée aura un réel impact sur une éventuelle hausse des taux de prêt.
Les taux de prêt immobilier en ont fini avec la baisse
Au fil de ces dernières années, les taux de prêt immobilier n’ont eu de cesse de se replier, au point d’afficher actuellement des niveaux d’une attractivité historique (2,01% en moyenne selon le dernier Observatoire Crédit Logement). Si depuis plus d’un an et demi les candidats à l’emprunt se sont donc habitués à voir les taux baisser, ils pourraient bien devoir conjuguer avec leur remontée et ce, très prochainement. Aux yeux de bon nombre d’observateurs, une hausse à plus ou moins court terme des taux semble en effet acquise. Un scénario qui trouve en grande partie son explication dans l’évolution récente de l’OAT 10 ans.
Que sont réellement les OAT ?
Lorsqu’un Etat a besoin de renflouer ses caisses, il émet ce que l’on appelle des OAT (Obligations Assimilables au Trésor). En pratique, les acheteurs de ces obligations (particuliers, assureurs, banques, fonds d’investissement, etc.) prêtent donc de l’argent à l’Etat à un taux d’intérêt dépendant de divers facteurs (la santé économique du pays par exemple).
Hausse de l’OAT : Krach obligataire en vue ?
Si le taux de l’OAT n’a pas véritablement d’influence directe sur les taux de prêt immobilier, les banques ont pourtant généralement tendance à s’appuyer sur lui pour faire évoluer leurs barèmes. Or, depuis quelques semaines maintenant, le taux de l’OAT 10 ans a littéralement explosé, passant de 0,35% au 16 avril à 1,24% en ce jeudi 4 juin 2015.
Stabilisation, hausse, l’OAT pèsera-t-il sur les taux de prêt ?
Cela signifie-t-il pour autant que les taux de crédit à l’habitat vont inévitablement enregistrer une nette remontée ? Cette question divise actuellement les experts. Pour le courtier Empruntis, la progression de ce taux de marché pèsera nécessairement sur les barèmes des banques, sans pour autant entraîner de rebond brutal. « La récente hausse de l’Obligation assimilable du Trésor à dix ans, l’OAT 10 ans, a quand même un impact indirect sur le coût du crédit immobilier », note ainsi sa porte-parole, Cécile Roquelaure.
D’autres jugent en revanche l’influence de l’OAT comme anecdotique, celui-ci continuant de s’afficher à un niveau extrêmement bas (il était à 1,84% il y a tout juste un an) et ce, en dépit sa récente hausse. Un niveau que la Banque Centrale Européenne (BCE) envisage de préserver jusqu’en 2016 afin de soutenir le rétablissement de l’économie française. Pour Pascal Beuvelet, le rôle de la BCE apparaît d’ailleurs déterminant. Le président du courtier InandFi ne croit pas à une influence de l’OAT sur les taux d’emprunt mais considère que « la fixation des taux immobiliers dépend essentiellement de la Banque centrale européenne (BCE) ». Or, cette dernière a d’ores et déjà annoncé qu’elle « conservera sa politique accommodante faite de liquidités abondantes et bon marché tant que l’inflation restera inférieure à 2 % ».
Même en hausse, les taux resteront exceptionnellement bas
Quoiqu’il en soit, une chose semble assurée : une éventuelle remontée des taux ne se fera que de façon très progressive. « Si la hausse récente des taux directeurs met un terme à la baisse intervenue ces derniers mois, il ne faut pas tomber dans le scénario catastrophe que certains semblent évoquer ; nous continuons en effet d’opter à court terme pour un scénario quasi-général de stabilisation des taux », souligne le courtier Meilleurtaux. Les emprunteurs pourront donc encore profiter de taux exceptionnellement bas au moins jusqu’à la fin de cette année 2015.
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