A Londres, face à la boulimie immobilière du Qatar, un fonctionnaire du service d’urbanisme de la mairie dit stop !
Quand le Qatar veut s’offrir Londres
Non, l’argent ne peut finalement pas tout acheter, comme le Qatar vient de l’apprendre à ses dépens. Nous ne parlons pas ici de handball où la France a défait hier l’Emirat en finale du championnat du monde, mais bien d’immobilier. En effet, depuis plusieurs années maintenant, Londres est l’une des cibles privilégiées des milliardaires qataris et de leurs excès démesurés en matière d’acquisition immobilière. Au fil des mois, le Qatar s’est ainsi offert, à coup de millions de livres (voire de milliards), le célèbre magasin Harrods, les supermarchés Sainsbury’s, la plus haute tour de Londres (la Shard, oeuvre de l’architecte Renzo Piano), de nombreux immeubles dans le quartier chic de Mayfair, le village olympique ou encore l’immense quartier d’affaires Canary Wharf (pour 3,5 milliards d’euros). Si rien ne semblait devoir freiner cette mainmise de l’Emirat sur la capitale britannique, c’était sans compter sur Matthew Rees.
Projet immobilier : un fonctionnaire met le holà
Fonctionnaire auprès du service d’urbanisme de la mairie, celui-ci est en effet devenu la bête noire du Qatar en s’opposant à un nouveau projet immobilier pharaonique. En 2013, le Sheikh Hamad ben Khalifa Al Thani (ancien souverain du Qatar) et son épouse, la sheikha Mozah, ont déboursé quelques 150 millions d’euros pour s’offrir 3 manoirs au coeur de Regent’s Park. Ne souhaitant pas s’arrêter là, le qatari a entrepris des démarches afin de réunir les trois biens immobiliers en un seul et unique complexe de 3000 m². Si celui-ci devait ainsi accueillir 17 chambres, 14 salons, une piscine ou encore un cinéma, sa réalisation impliquait également la démolition d’un immeuble d’habitations. Il n’en fallait pas plus pour susciter la désapprobation de Matthew Rees, soutenu par bon nombre de ses collègues du service d’urbanisme.
Choisir entre logements et palais
Le fonctionnaire a ainsi notifié au Cheikh que la destruction de l’immeuble et la perte des logements qu’il contient « serait en opposition avec le plan de la ville de Westminster ». A l’instar de Paris, Londres se bat actuellement contre un déficit important de logements, notamment en ce qui concerne l’équivalent de nos logements sociaux. Soutenant la décision du fonctionnaire d’adresser une fin de non-recevoir au projet qatari, un membre du parti travailliste de Westminster précisait ainsi que « le problème n’est pas de trouver des logements pour la famille royale du Qatar ou pour toute autre monarchie mais pour des gens ayant des revenus moyens ou faibles ».
Si pour une fois éthique et intérêt public semble avoir triomphé des velléités des plus fortunés, reste désormais à savoir si cette initiative somme toute personnelle d’un petit fonctionnaire saura ouvrir la voie à d’autres actions d’envergure.
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