La question de la marge des banques
Il est d’usage de considérer le crédit immobilier comme un produit d’appel pour les banques. Autrement dit, un instrument financier destiné à capter une nouvelle clientèle, mais qui ne rapporte pas grand-chose. Selon un expert interrogé par Moneyvox, cette vérité est telle que dans le contexte actuel d’inflation galopante, les marges bancaires sont réduites, voire nulles. Le media en ligne a également interrogé la directrice commerciale du Crédit Coopératif, Pascale Sciacaluga, qui met en avant la notion de marge d’intermédiation, c’est-à-dire le résultat des établissements financiers sur leur activité de prêt.
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Source : Modélisation de la marge d’intermédiation des banques.
« La marge d’intermédiation correspond à la différence entre les intérêts reçus (à l’actif) et les intérêts versés (au passif) ».
Selon elle, il doit exister au moins deux points de marge d’intermédiation pour qu’une banque soit rentable sur son activité de crédit à l’habitat, ce qui semble loin d’être atteint ces dernières années.
Des coûts de gestion et de ressources variables d’une banque à l’autre
Reste que pour Moneyvox, difficile d’affirmer ou d’infirmer ces dires, autant qu’il est difficile d’obtenir de la part des banques des chiffres précis. Répercutés en partie sur les frais de dossier, le coût des ressources humaines, le coût informatique et les charges des banques sont très variables d’un établissement à l’autre. Des différences qui s’expliquent par plusieurs facteurs : banque en ligne ou agence, force d’un réseau ou néobanque, etc.
L’argent que prêtent les banques peut provenir de deux sources. Elles peuvent l’acheter et dépendent dans ce cas du taux d’emprunt d’Etat à 10 ans, également appelé OAT 10 ans, qui grimpe actuellement de manière significative, ou bien elles s’appuient sur leurs propres ressources, constituées notamment grâce à l’épargne des clients. Autrement dit, une banque historique ayant de nombreux clients détenant des produits variés (Livret A, PEL, PER, etc…) pourra financer un crédit immobilier à un coût inférieur. À cela s’ajoute le taux d’usure qui, bien qu’en hausse au 1er juillet, fixe une limite à ne pas dépasser. Les banques ne peuvent donc répercuter les différentes hausses que dans une certaine mesure.
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Crédit immobilier : produit rentable ou non rentable pour les banques ?
Publié en septembre 2021, un rapport de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), fait mention d’une marge bancaire nette de l’ordre de 0,45 % pour le premier trimestre 2021 contre 0,12 % pour le premier trimestre 2020. Comme l’analyse Moneyvox, cela représente un gain de 900 euros pour chaque crédit immobilier de 200 000 euros. Sans compter les frais et l’assurance emprunteur, marché sur lequel les banques sont encore aujourd’hui largement majoritaires.
Si la rentabilité du crédit immobilier repose en partie sur les taux d’emprunt d’Etat, l’inflation et la situation économique, les banques ont encore tout intérêt à proposer ce produit qui permet de fidéliser de nouveaux clients sur le long terme.
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