François Hollande vient d’annoncer une profonde réforme du prêt à taux zéro pour 2016. Les grandes lignes du futur dispositif étant désormais connues, qu’en pensent les professionnels de l’immobilier ?
Réforme du PTZ : le gouvernement devra se montrer convaincant
« Permettre au plus grand nombre de Français de devenir propriétaires par un élargissement du prêt à taux zéro », voilà l’objectif poursuivi par le Chef de l’Etat en engageant dès le 1er janvier 2016 la refonte d’un PTZ qui n’a jusqu’ici pas su répondre aux attentes. Si les particuliers salueront à n’en pas douter les modifications opérées par le gouvernement (hausse des plafonds de ressources et du coût d’opération, élargissement du dispositif dans l’ancien, différé de remboursement pour tous), les professionnels semblent pour leur part un peu plus mesurés quant à l’intérêt réel de cette réforme.
Les professionnels partagés entre satisfaction et prudence
Le prêt à taux zéro avait grandement besoin d’être dépoussiéré et ce sera chose faite dès le début 2016. Sur ce point Philippe Taboret ne cache pas sa satisfaction. Prônant depuis longtemps un PTZ au champ d’action élargi, le directeur général adjoint du courtier Cafpi ne pouvait que considérer d’un bon oeil les récentes annonces de François Hollande. « L’élargissement du PTZ, dans le neuf et dans l’ancien, à la quasi-totalité du territoire va dans le bon sens. De plus en proposant que le PTZ représente jusqu’à 40% du montant total d’un prêt et un différé de remboursement de 5 ans, on offre une vraie bouffée d’air aux acquéreurs les plus modestes », commente-t-il ainsi. Néanmoins, le courtier attend encore de voir « comment le gouvernement va retranscrire les annonces du Président dans les textes de loi pour transformer « l’essai » économique et politique d’un retour des primo accédant jeunes sur le marché… »
Obligation de travaux : le critère de tous les dangers pour le PTZ 2016
Car si dans l’ensemble la refonte du prêt à taux zéro est une initiative louable, il est un point qui incite les professionnels à la plus grande prudence. Elargi à la « quasi-totalité du territoire », le PTZ destiné à l’acquisition d’un bien immobilier ancien reste conditionné à la réalisation d’importants travaux de rénovation. Des travaux dont le coût devra correspondre à au moins 25% du coût total de l’opération et qui pourraient considérablement réduire l’intérêt même du dispositif.
Président d’Emprunt Direct, Alban Lacondemine constate que cette obligation de travaux représente « un élément qui limite la portée du dispositif : le bénéfice du PTZ doit plus qu’absorber le coût supplémentaire des travaux ». Le courtier précise en outre que la période actuelle ne permettra sans doute pas de faire du PTZ le dispositif d’accession à la propriété par excellence qu’il se doit d’être. « Le gouvernement, sans doute dans un souci d’économies budgétaires, lance de plus cet élargissement à un moment où les taux de crédit immobilier sont proches de leurs plus bas : le bénéfice du PTZ est moindre que ce qu’il pouvait être il y a trois ans », explique-t-il.
Même son de cloche du côté de Guy Hoquet où Fabrice Abraham, Directeur Général du réseau, déclare rester « attentif aux modalités, qui si elles n’intégraient pas une revalorisation du plafond de ressource exigé du primo-accédant pour le neuf et un ré-arbitrage de la quotité du montant de travaux dans l’ancien, ne permettraient pas son éligibilité plus large ».
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