Sur la scène européenne, le marché immobilier français fait aujourd’hui figure d’exception en affichant une baisse extrêmement modérée de ses prix. Explication.
Le marché immobilier français : une exception européenne
S’il semble devoir retrouver des couleurs, le marché immobilier français n’aura finalement enregistré qu’une baisse restreinte de ses prix au cours de ces dernières années. Une évolution qui contraste avec la situation des autres marchés européens (qui eux ont vu leur prix chuter depuis la crise de 2008) et sur laquelle se penche aujourd’hui l’économiste Jacques Friggit. En 2008, la crise des subprime (ces prêts immobiliers à risque américains) a affolé le monde de la finance et, par ricochet, celui de l’immobilier. A cette époque, bon nombre d’observateurs anticipaient une véritable chute des prix de l’immobilier français à plus ou moins court terme. Or, force est de constater que ce ne fut pas le cas. Ces derniers se sont en effet relativement bien maintenus durant la crise, rebondissant même en 2010 avant de s’orienter vers la lente érosion que nous connaissons actuellement. Alors que certains pays voisins ont dans le même temps vu leurs prix se replier de 20 voire 40%, comment expliquer cette résistance du marché français ?
Quand la baisse des taux de crédit alimente la hausse des prix
Membre du Conseil général de l’Environnement et du Développement durable (CGEDD), l’économiste Jacques Friggit a son idée sur la question. Une analyse qu’il a récemment dévoilée dans un article publié à titre personnel et qui semble trancher avec celle communément avancée par les professionnels du secteur. Oubliez la construction en berne, le déficit de logements, la demande bien supérieure à l’offre ou encore le manque de terrains disponibles, si les prix de l’immobilier n’ont pas flanché la raison est avant tout à chercher du côté des prêt immobilier. En resolvabilisant un certain nombre de candidats à l’achat, la faiblesse des taux de crédit a en effet eu un impact significatif sur les prix et ce, non pas seulement depuis 2008, mais depuis le début des années 2000. « La baisse des taux d’intérêt a permis une forte hausse des prix, même si elle n’a compensé leur envolée que partiellement, puisque pour acheter un même logement un accédant à la propriété devait s’endetter sur 33 ans en 2007, contre 15 ans en 1965 et en 2000 », explique ainsi l’économiste.
Si le volume de transactions n’a pas décollé durant cette période (loin de là), le repli des taux auquel il convient d’associer l’allongement des durées d’emprunt aurait ainsi donné l’illusion aux vendeurs que les ménages étaient en mesure d’acheter. De fait, alors que le revenu des français est sensiblement resté le même, les prix de l’immobilier ont pour leur part progressé de 65% entre 2000 et 2015. Reste désormais à savoir si la remontée des taux annoncée depuis quelques semaines maintenant sera à même d’inverser la tendance sur le long terme.
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