Engluée dans une sombre affaire de prêt immobilier toxique, BNP Paribas doit aujourd’hui faire face à la colère de plusieurs centaines d’emprunteurs. Accusée d’avoir délibérément caché les risques liés au crédit qu’elle distribuait, la banque est désormais la cible de quelques 260 assignations en justice.
BNP Paribas et son prêt immobilier « toxique »
Entre 2008 et 2009, nombreux sont les particuliers à avoir pensé faire une excellente affaire en souscrivant leur prêt immobilier auprès de BNP Paribas. Affichant un taux d’intérêt adossé au franc suisse, le crédit qui leur a été proposé (baptisé Helvet Immo) devait initialement leur permettre de financer leur acquisition immobilière (pour beaucoup des logements locatifs en Scellier ou Robien) de façon économique et sécurisée. C’était toutefois sans compter sur une crise qui a vu l’euro s’effondrer face au franc suisse, entraînant parallèlement un renchérissement du coût de ces crédit que les emprunteurs malheureux évaluent entre 25% et 30%.
Prêt immobilier : 40 millions d’euros de remboursement
Si les aléas inhérents à une crise économique peuvent tout à fait ne pas avoir été anticipés par la banque, c’est surtout sur le caractère prétendument hautement sécurisé de ce prêt immobilier que les emprunteurs fondent aujourd’hui leur action en justice. 400 des 4500 clients de BNP Paribas ayant souscrit ce prêt ont donc saisi le tribunal de grande instance de Paris, réclamant un remboursement s’élevant dans sa totalité à 40 millions d’euros.
La bataille juridique faire rage
Pour les avocats des plaignants, le doute n’est pas de mise. « C’est un monstre contractuel. Les gens n’auraient jamais pu s’imaginer que la BNP pourrait concevoir un contrat aussi toxique« , souligne l’un d’eux alors qu’un autre estime que « la banque a choisi de cacher les risques, de les masquer« . Si l’on en croit les emprunteurs lésés, banquiers et intermédiaires n’auraient pas hésité à vanter la sécurité d’un produit dont les failles étaient pourtant connues. « Le message, c’était la sécurité. Il ne devait y avoir aucun risque, c’était le meilleur prêt du marché, le franc suisse était une valeur refuge« , explique un plaignant sous couvert d’anonymat.
Du côté de la banque, le discours est évidemment tout autre. Selon son avocat Me Ludovic Malgrain, cette dernière « conteste très fermement toute pratique commerciale trompeuse et dispose de sérieux arguments« , puisque « le risque de change est explicite dans l’offre de prêt« . Entre tromperie avérée, défaut d’information ou simple aléa d’une crise économique à l’ampleur inattendue, il revient désormais à la justice de trancher.
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