Les « métiers à risque » : de quoi parle-t-on exactement ?
Lorsqu’une banque accorde un crédit immobilier, elle exige quasi systématiquement que l’emprunteur souscrive une assurance. Celle-ci couvre tout ou partie des échéances en cas de décès, d’invalidité, d’incapacité temporaire de travail ou de perte d’emploi. Les compagnies d’assurance évaluent alors le profil de l’emprunteur en tenant compte de différents critères : âge, état de santé, garanties choisies, etc. Mais un autre facteur, parfois méconnu, peut considérablement alourdir la note : la profession exercée.
Chaque métier est classé dans une grille de risques allant de 0 à 3, voire 4 pour certains assureurs. Les emplois tertiaires, sédentaires et peu exposés (comme ceux de bureau ou de services, par exemple cadres administratifs, comptables ou informaticiens) sont placés dans les catégories les plus basses (0 ou 1). À l’autre extrémité, on retrouve les professions reconnues pour leur dangerosité ou leur nature atypique : pompiers, gendarmes, militaires, marins pêcheurs, agents de sécurité armés, mais également certains métiers artistiques (musiciens, chefs d’orchestre ou intermittents du spectacle), classés dans les catégories 3 ou 4.
Alors, pourquoi de tels écarts ? Les assureurs estiment qu’un emploi présentant des risques élevés (exposition à la violence, opérations de sauvetage, mission en zone dangereuse, utilisation d’armes, etc.) augmente la probabilité de devoir verser des indemnités ou un capital plus rapidement. Et les différences tarifaires observées entre un emploi de bureau et un emploi jugé dangereux sont loin d’être anecdotiques. Car, la surprime moyenne pour ces métiers à risque peut varier de 40 à 60 % par rapport à une profession classée 0 ou 1. Dans certains cas, elle peut même dépasser les 100 %.
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Comment les assureurs évaluent-ils votre profession ?
En pratique, le classement en catégories dépend de la politique de chaque compagnie d’assurance. Certaines utilisent une échelle de 0 à 3, d’autres de 1 à 4, mais toutes s’appuient sur les mêmes grands principes de base :
- L’environnement de travail : la présence de risques physiques (manutention, transport de charges, utilisation de matériel dangereux) ou d’expositions à des conditions extrêmes (missions en mer, interventions en zone de conflit, port d’arme, etc.).
- La fréquence de l’activité dangereuse : un militaire déployé régulièrement à l’étranger n’a pas le même niveau de risque qu’un autre travaillant principalement dans un bureau.
- La sinistralité historique : certaines professions enregistrent statistiquement plus d’accidents du travail ou d’incapacités, ce qui impacte les grilles de cotations.
- Les contraintes légales et réglementaires : il arrive que des spécificités professionnelles (obligation de service armé, activités en hauteur, etc.) amènent les assureurs à restreindre les garanties ou à appliquer des exclusions.
Professions dangereuses : attention aux exclusions et aux limites de garanties
Ces métiers, en plus d’être davantage assujettis à la surprime, se heurtent à des exclusions de garantie. Le conseil serait donc de vérifier précisément les conditions générales. Par exemple, le port d’arme peut être exclu ou générer une surprime encore plus importante. Les interventions en zone à haut risque, qu’il s’agisse de missions militaires ou d’opérations de secours extrême, peuvent nécessiter une cotation sur mesure, voire aboutir à un refus de couverture en invalidité ou en incapacité. Autre exemple : certains accidents survenus lors de compétitions sportives ou d’entraînements spécifiques, notamment pour les pompiers, ne sont pas toujours pris en charge.
Dans de tels cas, l’emprunteur peut fournir un dossier détaillé à l’assureur. L’objectif : prouver la maîtrise des protocoles de sécurité et la réalité des missions quotidiennes (certains militaires, policiers ou gendarmes exercent essentiellement des tâches administratives et ne sont pas toujours sur le terrain). Il est parfois possible d’obtenir une offre ajustée, moins pénalisante pour l’emprunteur, si le niveau de risque réel est plus faible que celui généralement associé au métier.
Comment réduire la facture quand on exerce un métier à risque ?
Heureusement, exercer une profession considérée « à risque » ne signifie pas systématiquement payer le prix fort. Il existe des stratégies pour faire baisser le coût de l’assurance emprunteur :
- Comparer les contrats et solliciter plusieurs compagnies ou courtiers spécialisés afin d’obtenir des propositions ciblées et plus avantageuses.
- Étudier les contrats mutualisés. Les offres d’assurance collective mutualisent le risque entre tous les adhérents. Cela signifie qu’un gendarme ou un pompier peut parfois bénéficier du même tarif qu’un cadre exerçant un métier moins exposé, puisqu’ils sont intégrés dans un large groupe d’adhérents.
- Optimiser les garanties. Si l’on exerce un métier dangereux, il peut être tentant de souscrire des garanties étendues (incapacité, invalidité, etc.). Toutefois, certains contrats incluent automatiquement des clauses d’exclusion spécifiques (port d’arme, intervention en zone sensible, mission sous-marine, etc.). Mieux vaut examiner le contrat en détail pour vérifier si ces exclusions peuvent être rachetées ou adaptées. Dans certains cas, le rachat d’exclusion se négocie avec l’assureur, moyennant une cotisation supplémentaire qui peut souvent rester moins onéreuse qu’une surprime appliquée d’office.
- Renégocier à la première occasion. Depuis le 1er janvier 2022, la réglementation permet aux emprunteurs de changer d’assurance après la signature du prêt, et même à chaque date anniversaire du contrat (sous réserve de respecter l’équivalence des garanties). Ainsi, un emprunteur dont la situation professionnelle ou personnelle évolue peut à tout moment comparer les offres et choisir un nouveau contrat d’assurance mieux adapté.
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