La crise financière rattrape tous les pays européens, même ceux qui se croyaient épargnés. Depuis la mi-avril, ce sont les Pays-Bas qui se retrouvent dans une tourmente économique et politique. En cause, l’éclatement de la bulle immobilière. Une situation que pourrait également connaître la France.
Les Pays-Bas, l’un des bons élèves de la zone euro, se révèlent aussi être l’un des pays les plus endettés. Ce qui a provoqué cette situation c’est avant tout l’immobilier. Dans les années 1990, le gouvernement néerlandais a mis en place une politique fiscale pour favoriser l’accès à la propriété. Lorsqu’un ménage souhaitait devenir propriétaire, le montant de son prêt immobilier pouvait être déduit de ses revenus et être exonéré d’impôts.
Une grande partie de la population n’a donc pas hésité à s’endetter pour acheter. Conséquence de cette mesure fiscale, entre 1992 et 2008, les prix de l’immobilier ont explosé et se sont vus multipliés par trois. En 2008, le Fonds Monétaire International (FMI) a tiré la sonnette d’alarme en rappelant que les prix dans le pays étaient surévalués de 30% !
Avec la crise financière, le marché de l’immobilier s’est retourné. A partir de 2009, les prix ont commencé à baisser brutalement et la dette des ménages s’est envolée. Selon Raymond Van der Putten, économiste chez BNP Paribas, elle « a grimpé à 132,7% du PIB, soit l’un des taux les plus élevés au sein de l’OCDE ». Face à un tel endettement, le pouvoir d’achat des habitants s’est effondré et la crise s’est étendue à d’autres secteurs.
Le marché français surévalué
Ce qui se passe aux Pays-Bas doit-il inquiéter les Français ? Il faut dire que le marché immobilier de l’Hexagone présente quelques similitudes avec celui des Néerlandais. En France, les biens immobiliers sont également surestimés, comme l’a révélé la dernière étude du Crédit Agricole qui déclarait que les prix dans l’ancien étaient surévalués de 25%.
Ce qui a tiré les prix de l’immobilier vers le haut se sont également des mesures fiscales, comme le dispositif Scellier, pour l’investissement locatif ou des mesures de soutiens comme le PTZ Plus (Prêt à Taux Zéro Plus) qui permettaient aux vendeurs d’augmenter les prix parce qu’ils savaient qu’une partie des acheteurs étaient aidés.
Mais la flambée des prix de l’immobilier a pris fin cette année. Pour de nombreux experts, le marché est même en train de se retourner, comme le montre la baisse des prix qui s’est amorcée début 2012. Si les prix baissent c’est que les Français ne peuvent plus acheter. Les aides gouvernementales sont moins avantageuses aujourd’hui et elles ne permettent plus aux ménages modestes de devenir propriétaires. De plus, obtenir un prêt immobilier s’avère être de plus en plus compliqué, la conjoncture économique incitant en effet les banques à durcir leurs conditions d’octroi.
A cela s’ajoute le coût du logement qui grève davantage le pouvoir d’achat des ménages. En effet de nombreux foyers se voient forcés de réduire leur consommation pour se loger. Le scénario qui s’est joué aux Pays-Bas semble donc se dérouler en France. A moins que de nouvelles mesures politiques permettent de relancer le marché, notre pays pourrait bien être l’un des prochains sur la liste.
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