Relancer la production de crédit immobilier en ce mois de Mai 2012, après une flambée des prix, des conditions économiques incertaines et une période électorale attentiste, tel pourrait être l’un des premiers défis du président François Hollande.
L’Observatoire du Crédit/CSA, dans son dernier rapport, notait une chute globale de la distribution de crédits de 32,4% en glissement annuel. A croire que les Français ne souhaitent plus investir dans la pierre pourtant si chère à leur c½ur. Faux, ce n’est pas l’absence de désir mais une réalité bancaire tout autre qui sclérose un marché déjà plombé par ses prix.
Tous les acteurs de l’immobilier se gaussent d’avoir les taux d’emprunts les plus bas avec un taux moyen passé de 3,95% à 3,67 en ce mois d’avril. Oui, mais à bien y regarder, tous ces chiffres ne sont que de la poudre aux yeux, car ils ne concernent que les plus riches. A moins de considérer qu’emprunter sur 15 ans à 3,55% avec un apport équivalent à 30% du montant de l’acquisition soit devenu monnaie courante chez les classes moyennes.
Illusion d’un marché en perte de vitesse qui tente de se maintenir à flot péniblement en ce milieu d’année. La crainte d’un effondrement avec la fin du PTZ Plus dans l’ancien et la diminution fiscale du dispositif Scellier ferait presque oublier la responsabilité des banques. Ces dernières, trop soucieuses de reconstituer leur fonds propres ont opté pour le risque zéro en matière de prêt immobilier.
Une position officiellement démentie par les établissements de crédit mais dont les agissements n’offrent toutefois aucune perspective aux jeunes et classes moyennes. Alors, que penser de ces fameux taux uniquement réservés aux prêts courtes durée assortis d’un apport personnel maximal ? Un heureux hasard sans doute. Michel Mouillart professeur à l’université Paris X Nanterre, y voit là un mécanisme qui enraye et gangrène le marché de l’emprunt entraînant sa baisse.
La nouvelle gouvernance socialiste trouvera-t-elle de nouveaux moyens de pressions auprès des banques pourtant largement soutenues par les états, ou sera-t-elle tenue de recourir à des dispositifs fiscaux afin de soutenir les plus petits ?
Si le recours à une calculatrice de prêt immobilier permet de savoir si l’on dispose des ressources suffisantes à un éventuel emprunt, elle apparaît ici totalement inutile tant le constat s’impose de lui-même : « la France d’en bas », celle qui empruntait en 2007 sur 25 ou 30 ans est désormais exclue de ce marché de l’immobilier. Ils ne représentent plus aujourd’hui que 17% du marché de l’emprunt immobilier. Conséquence, en avril, la durée moyenne d’endettement s’étale sur 16,6 années contre 17,6 en Février. En deux mois, la pression bancaire réussit à faire chuter la durée d’endettement des français d’un an de quoi rester soupçonneux quant à cette segmentation du crédit.
Les banques françaises ne prêteraient donc qu’aux riches, un adage qui laisse songeur quand on sait que ce même système bancaire n’a survécu à sa dernière crise que grâce aux états.
Laisser un commentaire